Entretien avec Mme Saida Neghza, Présidente de la CGEA
Entretien avec Mme Saida Neghza, Présidente de la CGEA
(Q1) Pouvez-vous nous présentez la CGEA ?
« La Confédération Générale des Entreprises Algériennes a été créée en 1989 en tant que première organisation patronale regroupant ses membres à travers des structures nationales organisées par wilaya et par secteur d’activité.
La C.G.E.A est une organisation d’employeurs indépendante, regroupant la plupart des entreprises privées créatrices de richesse, elle est respectée par sa représentativité et reconnue comme l’interlocuteur privilégié du gouvernement, et des partenaires sociaux, à travers la constance de ses positions crédibles pour la défense de l’entreprise et de l’économie de marché dans laquelle l’activité du secteur privé et dominant.
Elle participe également à la définition de la politique économique et social nationale, et à un dialogue au plus haut niveau patronat/gouvernement, dans le cadre de la mise en œuvre de la politique économique et sociale »
(Q2) L’économie algérienne a toujours été très dépendante des hydrocarbures maintenant que le pays envisage de diversifier son développement, quelles sont les priorités ?
« L’Algérie a adopté un modèle de croissance économique orienté vers une dynamique de développement et de valorisation des investissements et des entreprises, une forme de financement de l’économie reposant notamment sur les ressources du marché et les multiples formes d’épargne disponibles. Ce modèle vise à consolider le développement des secteurs prioritaires, notamment l’industrie, en particulier la promotion des PME, l’industrie pétrochimique, l’industrie automobile, l’agroalimentaire, l’agriculture, le tourisme durable, les énergies renouvelables et les Services économiques support pour le développement de l'information et la communication »
(Q3) L'Algérie a imposé des taxes et des restrictions aux importations ces dernières années. Des changements sont-ils en cours au niveau fiscal et douanier ? Pouvez-vous nous donner des exemples ?
« Les autorités algériennes ont introduit de nouvelles taxes pour certains produits finis importés pour lesquels il n’y a pas de valeur ajoutée au profit de l’Algérie. Ces taxes visent à promouvoir la production locale, à encourager la délocalisation et les partenariats synergiques et à accroître la marge de manœuvre des opérateurs économiques nationaux pour assurer une économie plus diversifiée. Il s’agit de mesures à court terme qui n’ont pas d’impact sur les facteurs de production et qui concernent essentiellement des produits pour lesquels le marché local peut couvrir les besoins des consommateurs. Ce sont des mesures de sauvegarde qui ne pénalisent en rien les investissements productifs. Un indice révélateur est illustré par le fait que les recettes fiscales liées au secteur privé ont dépassé celles du secteur des hydrocarbures ; l’Algérie a commencé à exporter du ciment et de l’acier, mais aussi des produits manufacturés.»
(Q4) Des réformes sont-elles prévues pour encourager les investissements étrangers en Algérie ?
« En effet, ces réformes visent à promouvoir la production locale et à offrir une plus grande visibilité aux investisseurs étrangers. L’amélioration du climat des affaires et l’amélioration de l’accès aux investissements productifs dans les biens et les services figurent parmi les priorités du gouvernement. Le partenariat et la relocalisation sont une nécessité pour l’Algérie. Les procédures et autorisations liées à l’investissement sont décentralisées ; en ce sens, l’accompagnement des investisseurs par les opérateurs locaux peut donner une impulsion considérable. En outre, l’extension et le renforcement des zones industrielles déjà actives, avec la collaboration des opérateurs économiques locaux, permettraient de réglementer les questions liées à la propriété industrielle.
Il est également nécessaire de souligner comment le maintien des avantages fiscaux décrits dans le Code de placement en faveur des investisseurs étrangers a été mis en évidence, malgré les difficultés éprouvées dans la situation économique ainsi que les mesures visant à encourager l’investissement pour les projets réalisés dans les "wilayas" du sud au nord du pays. »
(Q5) : Quels rôles peuvent avoir les organisations patronales dans le développement de la région ?
« Le secteur privé reste à la traîne et doit faire partie intégrante de l’espace méditerranéen », a-t-elle déclaré, affirmant que les liens qui unissent les pays du Bassin méditerranéen constituent une base de richesse renforçant les relations économiques entre les pays. Le rôle des organisations patronales a aujourd’hui dépassé le domaine des affaires pour soutenir la paix et le développement durable dans la région. La visibilité que les organisations support aux entreprises et les organisations patronales assurent aux opérateurs, représente une opportunité de coopération et de coordination qui favorise l’expansion de projets économiques qui créent de la richesse. De telles organisations représentent une plate-forme directe pour la promotion des investissements directs étrangers et un outil pour la promotion du dialogue méditerranéen et de l’intégration sociale et économique. Les activités que ces organisations élaborent visent à stimuler les échanges commerciaux et à réduire l’écart économique entre les pays du Sud et du Nord de la Méditerranée mais aussi les échanges d’expertise et de bonnes pratiques. »